Partie 1 a : Affronter la science du capital

S’il y a quelque chose qui pour nous relève de la science, c’est la dynamique: rien n’est immobile dans l’univers. Dans le capital, le moteur de cette dynamique est la lutte des classes. La science et la technologie n’y échappent pas. La science n’est pas l’apanage de spécialistes en blouses blanches que l’on réunirait autour d’un « Nous » hypothétique ou d’une « communauté scientifique » supposée.
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La science bourgeoise nie ce mouvement, elle nous assène des vérités révélées. La science, c’est la religion du capital : elle affirme depuis des siècles ce qui est et ce qui n’est pas. Elle se place au-dessus de la société, comme une règle absolue, comme un savoir absolu, mobilise les forces vives pour faire face à des ennemis toujours plus spectaculaires: la couche d’ozone, les météorites, le Big One, l’inversion des pôles magnétiques, l’arrêt du Gulf Stream, d’El Niño…
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La science confond ce qui est, la matière, la lumière…et sa pensée. Elle pense être la matière incarnée. Ce faisant, elle oublie de dire qu’elle agit consciemment. Et elle agit mal.
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Ainsi, tous ces phénomènes existent. Et le capitalisme les aggrave largement par son action; exode rural, surpopulation urbaine, vie dans les espaces alluviaux, concentration de la production….sont autant de situations qui décuplent les désastres, quand le capitalisme ne les crée pas tout seul par des accidents industriels.C’est que les scientifiques travaillent pour des laboratoires capitalistes, qui ont des cahiers de charge à remplir, l’impératif économique est toujours la base de leur science. Elle nous empêche de nous poser les questions fondamentales qui pourraient la remettre en cause, s’accaparant les moyens matériels de se les poser.
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Leurs questions, sont les questions qui rentrent dans le champ du profit. Ils cherchent en fonction d’une finalité prédéfinie à savoir faire perdurer le capitalisme, faire tourner la boutique. La science ne définit pas seulement les scénarios, mais aussi les contours du problème. On découvre ainsi que des études préparatoires ont déjà été menées sur une éventuelle pandémie virale. Si les scénaristes d’Hollywood sont en grève, on pourra toujours aller recruter dans les cabinets de biologie-fiction ( ou d’extrabiologie ) !
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Le cabinet R&D Blueprint a ainsi pondu une analyse d’une éventuelle propagation du CoronaVirus. On peut imaginer sans difficulté qu’un think tank en a tiré une analyse du maintien de l’ordre en temps de « catastrophe naturelle ». Et qu’un cabinet d’ethnologues se penche déjà sur les déplacements migratoires en période de catastrophe naturelle.
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Bref, un peu comme jadis pour la Sainte Inquisition, personne n’a vraiment confiance dans la Science, mais personne n’a les moyens de l’ignorer.

L’hégémonie intellectuelle appartient à la bourgeoisie autant dans l’économie que dans la biologie, la physique… En l’absence d’une réelle contradiction, la science bourgeoise, livrée à sa propre absurdité, fait face aujourd’hui à une défiance interne envers son positivisme et ses projections progressistes de son futur, elle devient relativiste, elle remet en cause sa propre existence. C’est-à-dire qu’à l’heure où l’on parle de ce qui se passe à 10 milliards d’années-lumière, on voit au sein même du capital se développer une science de l’effondrement et du « sauve-qui-peut ». A ce rythme-là, Il y aura une chaire en survivalisme à Cambridge d’ici la fin de la pandémie.

Cette défiance intégrée dans les sciences dures, se décline, avec l’émergence de théories prônant des retours aux sources, de l’épistémologique au pratique ( décroissance, collapsologie, biomimétisme, permaculture…) qui terminent toujours dans un postulat de gestion: ce “Nous” que vous lirez chez tous ces lanceurs d’alerte, qui prétendent parler à l’humanité, parlent en réalité à ce qui domine le monde, le capital, et à l’Etat capitaliste.

Positivistes et collapsologues sont l’Auguste et le clown triste d’un même postulat : ne surtout pas concevoir de dépassement de la société de classe. On n’a plus les moyens économiques d’envisager sérieusement la conquête spatiale : on en déduit que nous allons détruire la planète. Et nous au premier rang.

Les écologistes nous disent : appuyons sur pause, et sauvons la planète. Les collapsologues hurlent : appuyons sur RESET. Dans ces deux cas, les patrons restent des patrons, et les prolos des prolos. Le mot d’ordre est toujours le même : tous sauf la révolution.

La logique qui veut un environnement immobile et notre adaptation à celui-ci s’applique dans les sciences dures dans chaque domaine: on nous affirme ainsi en physique que l’on peut désormais voir à 10 milliards d’années-lumière, un effet d’horizon. Nous n’interagissons pas, rien n’est dynamique, tout est statique et le seul prisme que nous avons du monde est fragmenté.

S’adapter et/ou mourir, c’est cela leur programme. Et ce programme envahit le champ de leur science. Comme le dit R. Lewontin, (critiques fondamentales de la biologie, création et adaptation, voir par ailleurs), la biologie n’est pas dialectique aujourd’hui : elle renouvelle constamment la négation de notre interaction avec l’environnement, parce qu’elle obéit à un commanditaire qui lui présuppose un environnement immuable. Nous ne devons pas « préserver » l’environnement ni être condamnés à nous y « adapter ». Ces affirmations sont anti-humaines, elles son également fausses, parce que justement toute relation entre un organisme et son environnement est dialectique et en mouvement.

Il en va de même avec les théories écologistes, qui affirment la nature comme quelque chose de fondamentalement bon. On répondra avec Lewontin que “tout organisme détruit le monde dans lequel il vit en même temps qu’il le consomme. Et tout organisme produit et consomme à la fois”. On ajoutera même qu’il le transforme. Depuis que l’humain a créé le feu et l’agriculture, il est en relation conflictuelle avec un écosystème qui n’est pas son allié ni son ennemi: qui est, qui se modifie, point barre.

 

A ceux qui veulent préserver l’environnement, nous disons: essayons de sauver l’humanité, avant de sauver “la planète”. Non pas que nous n’ayons pas envie que la planète se porte mieux: simplement, nous n’allons pas crever pour permettre aux bourgeois de respirer moins de CO2.

Le communisme est le plan de vie de l’espèce humaine. Nous affirmons qu’en nous embarquant dans son quadrillage de plus-value, le capital nous empêche d’agir en tant qu’espèce et de reprendre le contrôle sur notre rapport avec l’environnement.

 

A la fin de ce premier article nous pouvons affirmer que la science bourgeoise issue du capital ne répond qu’aux problèmes qu’il a produits. La principale solution qu’il trouve consiste à délocaliser les responsabilités, et les conséquences, de ses points vitaux, comme nous allons le voir. Mais dans la crise mondiale, l’attaque simultanée qu’il mène contre les milliards de prolétaires par sa technologie, sa médecine et ses armes, ne peut pas se cacher comme on cache de la poussière sous un tapis.

Aussi, notre réponse sera plus internationale et massive qu’elle ne l’a jamais été.