Réagir, s’organiser, outrepasser.

 

« Un mort, c’est une tragédie. Un million de morts, c’est une statistique »
Joseph Staline, un réformiste dans son lit de mort.

Prologue à une intervention communiste

1. On ne se concentrera pas sur la maladie. Il est absurde de parler de la maladie en tant que telle. La maladie est à l’échelle de notre espèce une tempête dans un verre d’eau. On ne listera pas les milliers de chiffres qu’on pourrait opposer chiffres des morts, par exemple, des 2,4 millions de morts annuels de maladies pulmonaires, ou, encore plus nombreux du travail (selon les propres instituts bourgeois qui décomptent ces détestables statistiques).
A aucun moment cette hiérarchie macabre ne nous suffit, parce qu’elle cache des tragédies. Ces tragédies touchent, presque toujours, des prolétaires qui ont travaillé toute leur vie et se voient arracher par la maladie la retraite qu’ils ont sué de leur front.

2. Nous affirmons en revanche, que si cette maladie est bénigne au regard de l’humanité, elle révèle l’incapacité du Capital à y répondre efficacement. Elle montre aussi le gaspillage de l’action de notre espèce au nom du profit : on nous confine, parce qu’on a peur de notre capacité d’action.

3. Pour justifier son règne, et développer le monde de ses théories absurdes, le capital utilise sa Science, avec autant de talent que les seigneurs du moyen-âge arboraient l’étendard de la Religion et les premières Universités.

4. Notre environnement a toujours été en conflit avec nous. La Nature n’est ni fondamentalement bonne, ni mauvaise, ni vertueuse : il s’avère que l’humanité se bat pour exister, pour vivre. De ces conflits naissent les dépassements. Notre environnement évolue, nous évoluons.

La science bourgeoise, elle, ne se contente pas de ne pas être efficace dans ce conflit : elle nous invite à nous bouffer le foie entre membres de la même espèce, au nom, toujours de la préservation. La science bourgeoise est le Conservatoire du Capital. Parce que tout est dialectique, parce que nous avons une flore intestinale avec laquelle nous cohabitons, nous produisons les chaînes de notre propre soumission. Et le Capital vit du conflit interne à notre classe.

 

Dans la crise sanitaire et crise tout court que nous traversons, nous affirmons que :

 

– La science a pour fondement le maintien du capitalisme. Ce faisant, elle ne produit de solutions que dans ce cadre circonscrit, qui est faux car statique, immobile. Pour cela, nous ne pouvons avoir foi ni dans ses projections, ni dans ses solutions.

– La science ne combat pas les causes de l’épidémie : il faut une planification de tout ce qui est la cause et la conséquence de notre situation (la concentration du vivant sauvage, domestique, humain) dans une transformation de notre environnement qui ne soit pas médiée par le profit.

– La science définit l’ensemble des cadres idéologiques de ce qui nous empêche de nous occuper de cette maladie. C’est cela, pour nous l’autonomie ouvrière : reprendre la production sanitaire, reprendre la production et les élevages, reprendre les outils de propagande de l’Etat.

– Contrairement à la science qui nie, comme la politique, la capacité de l’humanité à régler ses propres problèmes, nous sommes en mesure de sortir de ce genre de crise.

– Quel que soit le scénario, même le plus terrible, le confinement se terminera par le même résultat : on devra retourner travailler, pour moins cher. Il n’est pas question de se demander si la maladie va décimer 1000 personnes ou 7 milliards : dans tous les cas, l’Etat aura pour rôle de ramener la population à produire des richesses, et il faudra l’affronter.

– En un mot : aucune urgence ne justifie que nous laissions faire la science pour des raisons sanitaires. La seule raison, c’est la force brute de l’Etat qui la maintient.

Notre science est celle de notre classe ; elle est faite d’action, de poings, d’armes, de rassemblements, de solidarité, de l’effort historique du prolétariat à renverser le Capital. Elle ne doit s’arrêter à rien, sûrement pas aux laboratoires, aux hôpitaux. Elle doit découpler la vie de la dictature du profit. Son chemin est violent, parce que seule cette violence est à même de dépasser celle qu’elle s’impose tous les jours en restant aux ordres du capital.

Dans l’épidémie, nombreux sont les héros. Certains applaudissent les services de santé. D’autres disent qu’il faut applaudir tous les travailleurs, jusqu’à la caissière terrifiée du supermarché. Nous, nous applaudissons les héros qui bravent les lois et arrêtent le travail. Nous applaudissons ceux qui s’organisent pour ne pas payer le loyer. Nous applaudissons les organisations disciplinées de pillage des supermarchés.

Nous disons aux travailleurs de tous les services publics et sociaux : vous n’êtes pas l’Etat. Vous êtes la classe ouvrière. Luttez, partagez gratuitement les biens de l’Etat. L’Etat est le bâton qui sévit, du Chili au Liban, dans toutes les rues où nous faisons déborder le cours quotidien.

Pour changer la donne, il faut virer cette direction. Nous parlerons de temps à autres de ce qui se fera après. Mais nous devons parler de ce que nous faisons maintenant. Et que dans ce que nous faisons maintenant, nous avons en face de nous un Etat, sa science, ses économistes. Si le capitalisme est un système dépassable, ce dépassement rencontrera toujours l’Etat en face de lui quand il agira.

Certains affirment que ce monde ne sera jamais plus comme avant. Nous répondons que nous le souhaitons plus que jamais et que nous aimerions pouvoir en dire autant.
Nous, nous disons : organisons-nous, si nous voulons transmettre d’hier (nos parents, nos vies, le peu que nous avons) à demain. Crise sanitaire ou crise économique, s’il n’y a pas dépassement, nous aurons fondamentalement le même monde, encore plus dégradé qu’aujourd’hui.

Notre message n’a pas de frontières. Le soulèvement n’aura peut-être pas lieu ici. Il aura lieu là-bas. Ce feu, nous devons l’attiser, ou nous ne servirons à rien.
Le dépassement, c’est le prolétariat, classe dirigeante qui cesse d’être confinée à l’état de chiffre dans les registres de comptabilité bourgeoise. Nous ne sommes pas des chiffres, nous ne sommes pas « 1% » ou « 2% » de morts. Nous sommes la force.

ORGANISATION POUR L’INTERNATIONALE COMMUNISTE
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