Partie 1 b. La cause fondamentale de toutes les maladies

« Norman Béthune, médecin du peuple,
Cherchait la cause de la maladie
Il a trouvé, c’est le capitalisme,
Béthune est dev’nu communiste »

Forgeons notre Parti, chanson québécoise

Le monde a beau être dominé par le Capital, nous ne l’avons pas attendu pour être malades et mourir. Dame Nature n’a pas de morale : elle ne connaît que la loi de la dialectique. C’est à dire l’enchaînement des contradictions qui constitue l’histoire de toute chose.
La Nature gagnera toujours contre le Capital. Aussi, si nous ne mourons pas terrassés par un adversaire extérieur, c’est à l’intérieur de notre organisme que se mènera la terrible bataille de notre vie contre la vie.

Dans le cas des virus, même s’ils ne sont pas vivants en soi, ils ont existé depuis que la vie existe.Le virus n’est donc pas, évidemment, né du capitalisme. Il est en revanche un problème qui prend des proportions terribles dans notre monde, une terreur proportionnelle au potentiel de nuisance du capital. Car si la marchandise fut la première à mettre toute l’humanité en relation, en même temps qu’elle marchandisait les rapports humains, sa dynamique fut la concentration des humains et des biens, induisant ainsi l’apparition de phénomènes destructeurs qui sont propres à ce mode de production : le génocide, la pandémie.

Si le capitalisme se présente comme un fait inamovible, comme « la fin de l’histoire », il est en mouvement permanent. Il est production, accumulation et circulation. Dans ces trois étapes, sa dynamique est la confrontation.

Il n’est pas question de dire que les capitalistes ont organisé sciemment cela. Et cela n’a pas de réelle importance. A l’exception près que bien entendu, s’il s’agissait d’un plan fomenté, on pourrait éliminer les responsables et retourner à un environnement sain.

« L’intervalle, ce n’est pas l’épidémie, c’est ce qui est avant » Rob Wallace

Nota : Nous pensons que la description détaillée des faits est déjà largement produite par ailleurs. Notre objectif n’est pas de décrire de manière détaillée et pointilleuse mais de nous positionner en tant que communiste.

  • Le capital produit et produit les maladies

Dans son livre ” Big farms make big flu, les grandes fermes créent de grandes grippes”. Le biologiste Rob Wallace développe largement comment le capitalisme produit, et ne diffuse pas seulement les maladies.

Ceux qui voudront en connaître les détails profiteront de la bibliographie ci-dessous ( note 1), nombre d’articles en ont produit des explications, des analyses précises. Nous dirons simplement que l’objectif de Wallace était de montrer la machinerie industrielle qui se cache derrière l’industrie la plus primordiale pour notre survie, celle de la nourriture.

En réduisant la paysannerie à la périphérie de la production, le Capital a produit d’immenses fermes-usines, reposant sur les mêmes logiques d’uniformisation. Seulement, le vivant ne répond pas aux lois de l’uniformité industrielle. Il répond à celles décrites par Darwin de la sélection naturelle. Si nous ne prônons pas ces lois -pas plus que Darwin d’ailleurs- en revanche, ne pas prendre en compte ces lois, et convoquer tout ce qui est vivant sur un champ de bataille pour lui régler son compte avec notre armée d’industriels en tête, est bien la plus suicidaire des guerres patriotiques que les bourgeois aient inventé.

Dans les fermes régies par la loi du marché, les impératifs de production mènent les entreprises à baisser toujours plus les coûts. Ce faisant, comme le dit Wallace, ils ne réduisent pas les problèmes ou les maladies, ils les délocalisent. Les règles de sécurité qui sont respectées ici ne seront pas respectées là-bas.

Le capital est mondial : les phases de production sont séparées, divisées, de telle sorte que ce n’est pas « là-bas » qu’on produit “mal”, mais plutôt « là-bas » que les patrons déplacent les procès de production les moins coûteux en termes de production et de sécurité, les plus dangereux en termes de sanitaire, et les plus polluants en termes de déchêts. Il n’y a pas de cercle vertueux là-dedans, parce que les solutions proposées à cela sont toujours axées sur un impératif de baisser des coûts. Face à cela l’apparition de produits estampillés « local », de labels censés lutter contre ces délocalisations, sont aussi crédibles que de mettre des barbelés autour de son verger en face d’une centrale nucléaire.

  • Le capital concentre et concentre les maladies

Dans la ferme capitaliste, les espèces, germes et autres organismes qui ne devraient pas se retrouver ensemble cohabitent, le capital les rapproche. Plus grave et bien plus impondérable encore que les rapports stricts entre leurs humains et leurs élevages, le simple contact entre l’élevage et le sauvage devient un factuer exponentiel de risques. Dans un monde capitaliste, sans rapports de coopération, dans une logique revenant à mettre sous une cloche de verre le vivant que nous consommons face à la sélection naturelle, ce facteur x de problèmes contingents devient absolument incontrôlable pour l’humanité. Or le contrôle lui-même est rentable et régi par les lois du marché.

Toute la dynamique du Capital repose sur la concentration du capital, et par cela même des travailleurs. La science bourgeoise évolue au gré des nécessités du capital pour la recherche par exemple. Ainsi pour les maladies provoquées par les CoronaVirus, elles sont connues depuis la Première Guerre Mondiale. Cela correspond à des recherches militaires afin de savoir quelles maladies risquaient de contaminer les troupes sur la ligne de front. Les organismes viraux de la famille Corona ont été, eux découverts dans les années 1960.

Le premier facteur de propagation, de circulation et de perte de contrôle sur les maladies, est la congestion humaine. Dans son texte espace contre ciment, Amadeo Bordiga, rappelle l’absurdité, décrite par Engels dans son livre sur « la condition de la classe laborieuse en Angleterre » et dans « la question du logement », de l’organisation du capital : la division entre des villes surchargées et verticales, la concentration de la production, et une campagne vidée, soumise à la ville. Pour reprendre Bordiga, le capital est vertical, le communisme sera horizontal, et cette horizontalité se retrouvera aussi dans l’organisation de l’espace.

Enfin en concentrant la production, les capitalistes concentrent les travailleurs… Et les soins. C’est ainsi qu’en centrafrique, pays de 5 millions d’habitants, colonie francaise, en guerre depuis près de 20 ans, à l’heure de l’arrivée de la pandémie mondiale,ce pays dispose en tout et pour tout, de 3 respirateurs.

  • Le capital fait circuler les marchandises et les maladies

Au commencement, les médias bourgeois nous dira qu’était le virus. Puis il fallut trouver un responsable. Ce fut le pangolin. Puis la chauve-souris. Puis l’interaction des deux. Puis le “Chinois”. Parfois, on voit apparaître des thèses de fabrication en laboratoire, d’expériences qui auraient « mal tourné ». Qu’importe, dirons-nous ? La thèse des responsables présentée nous intéresse-t-elle ? « Une épidémie lancée par des gens qui bouffent n’importe quoi » ? On ne s’attardera pas sur le racisme, la construction d’un bouc émissaire.

Soyons clairs quand bien même l’homme mangerait n’importe quoi, ce serait encore la faute du Capital : l’exotisme culinaire est le résultat de la dégradation des rapports humains à son environnement, impliquant et impliqué par une plus grande nécessité de nourriture dans un monde où nous travaillons et donc consommons plus. Pas une sombre tradition héritée du temps des cavernes.

Si ce temps des cavernes a seulement existé, que l’on ne s’inquiète pas : l’espèce humaine n’était alors pas menacée par le CoronaVirus, tout au plus quelques individus. Il y a plein d’endroits où des groupes humains mangent des choses étranges, mais ils ne mettent pas en danger le reste de l’humanité : les tribus d’Amazonie sont un bien moindre danger pour le Capital, que le Capital est un danger pour les indiens d’Amazonie.

Si aujourd’hui, nous avons un problème qui nous concerne en tant qu’espèce, c’est le Capital qui le produit, le concentre, le diffuse.

  • Le capital exacerbe et marchandise la confrontation des hommes et des espèces

En faisant circuler les biens et marchandises, le monde capitaliste produit une modification rapide d’environnement. Le problème, c’est que nous en payons les frais. La violence des rapports de production se décline dans ce que nous mangeons, les enjeux de rentabilité se confrontent à nos corps, et nous n’évoluons pas aussi vite que nous produisons. On peut dire qu’il est un facteur d’instabilité, qu’il stimule les confrontations naturelles d’un milieu qui est déjà violent.

Ainsi, le massacre des bisons aux USA dans les années 1870-80 a produit l’émergence de plantes invasives qui ont tué maïs, blé, tant et si bien que les USA ont dû importer ces produits, provoquant de graves problèmes économiques. On peut mettre dans le même panier la multiplication des lapins dans toutes les iles et les conséquences sur le biotope.

Si les virus sont un si grand problème sous le capital, c’est que les mutations de virus se produisent par saut d’espèce en espèce.

Tous ces problèmes nous apparaissent à la chaîne, insolubles. Ainsi on peut très bien affirmer que le risque n’est pas seulement qu’un virus nous atteigne. Que se passe-t-il s’il s’en prend à ce que nous mangeons ? Toute notre bouffe est empoisonnée. La principale utilisation des antibiotiques est à vocation de l’élevage des animaux en « big farm », pour augmenter la conservation de la nourriture ingérée par ceux-ci. L’empoisonnement progressif de notre nourriture est la plus grande promesse d’une perte totale de contrôle de la situation sanitaire.

Ce qui nous relie avec ce que nous mangeons, c’est le capital. Cochon, dindon, poulet, pigeon, volaille, c’est un peu le prolétariat des animaux, c’est le principal transmetteur de maladies lors des “sauts d’espèces”. Les virus H5 par exemple touchent des cochons, des ovidés, de la volaille, ce ne sont pas des bestioles qui sont en contact avec la bourgeoisie. Ainsi il y a peu de chances que le caviar transmette un virus aux conséquences pandémiques. Un autre cas parmi tant d’autres, celui des élevages des canards du Gers : Comme les canards importés avaient une carte biologique réduite par une sélection répondant aux enjeux du marché, même si l’idée selon laquelle ces élevages étaient menacants pour l’environnement et les espèces locales, ce sont en réalité ces espèces qui sont des dangers pour le canard du gers. La nature gagnera toujours sur le capital. Ce qu’on a pu appeler la “stratégie du choc”, c’est le renouvellement du procès de production.
Si lors des modes de production antérieurs il eût existé des myriades d’épidémies, le fait est que la carte de la riposte biologique était plus grande dans le mode de production féodal, par exemple la peste a fait des ravages, mais on n’avait à ce moment-là, en termes de pandémie, que la peste à gérer.

Dans le capitalisme aujourd’hui, les risques s’enchaînent dans une grande machine à construire des armes de destruction massive : ainsi, on enchaîne en moins de vingt ans la grippe aviaire, le SRAS, Ebola, 3 mois après tu te manges les rillettes contaminées a la salmonellose (qui traine avec elle des pathologies infectieuses aussi grave que la méningite) puis la grippe porcine etc…

A qui la faute? Biohazard et bio-hasard

Toutes ces menaces pèsent sur l’humanité, menacent toujours de voir les exploités perdre patience. Alors, lorsqu’elle étouffe sous ses contradictions béantes, la Science bourgeoise s’en remet à un responsable suprême : le hasard. Après avoir conspué la Religion, elle la sollicite pour expliquer les fondements de la vie. C’est ainsi que le Prix Nobel de médecine, J. Monod, considéré comme le « père de la génétique », arrive à la conclusion dans son livre « le Hasard et la Nécessité », que quelque chose de magique gouverne l’infiniment grand et l’infiniment petit.

Le hasard est défini comme ce que l’on ne peut pas prévoir, comme ce qui n’est pas -encore- défini. Alors la science bourgeoise a pris en compte ces limites de la connaissance en élaborant des théories de probabilités et créant des modélisations. La physique aujourd’hui prend en considération ces lois de probabilités.

Le problème, c’est que dans ces calculs, l’invariant s’appelle « plus-value ». Toutes les projections catastrophiques du futur qui nous annoncent la disparition des poissons, des mammifères, la surpopulation, la montée des eaux, et toutes les plaies d’Egypte de l’univers, ont en commun avec les projections économiques de ne jamais prendre en compte l’action de notre classe : au plus, elle les rangera, comme les collapsologues, dans la colonne de « catastrophes naturelles ».

Ce que le capitalisme appelle hasard, on peut difficilement le séparer du profit : il y a du mercure dans les poissons non seulement parce que le capitalisme n’est ni en mesure d’endiguer cela, ni dans la priorité de le faire, mais aussi et surtout parce qu’il en est le moteur et le producteur.

Ce qui constitue le problème de la modification dite “artificielle” (car le capital n’invente rien, le capital ne crée pas la vie) ce n’est pas le fait de modifier l’environnement c’est que ce type de modification sous le capital se la joue en solo et pas en collectif. La mise en concurrence dans la surproduction fait que les humains mais surtout les prolos n’ont pas le temps de riposter et de s’armer lors de la modification.

Nous affirmons que :

  • Le Capital et les Etats sont les responsables de la crise sanitaire

  • Sans révolution, il y aura d’autres pandémies, d’autres guerres, d’autres génocides.

  • Le monde que le prolétariat va récupérer et transformer est un monde désastré

  • Et c’est dans ce monde où l’on vit, où la population est concentrée dans du ciment, où nous faisons face à la concentration de la force de l’Etat, où nous allons travailler dans des centres logistiques qui concentrent les travailleurs; C’est dans ce monde que nous devons être foule pour sauter de la manifestation, l’émeute à la transformation du monde.